Alors que le vaste chantier de rénovation de l’Esplanade Charles-de-Gaulle à Montpellier touche à sa phase finale, un nouveau chapitre de sa transformation en « grand parc des arts et de la culture » s’écrit avec l’installation en décembre dernier d’une œuvre monumentale. Trônant désormais au pied du Corum, au cœur du parterre végétal fraîchement aménagé, cette sculpture vient enrichir le parcours statuaire ambitieux imaginé autour du projet Comédie-Esplanade.
Cette pièce d’envergure n’est pas une inconnue du paysage artistique français. Commandée en 1985 par Jack Lang, alors ministre de la Culture, dans le but de dynamiser la commande publique, elle a déjà orné des lieux prestigieux tels que le Jardin des Tuileries à Paris et le parvis du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Nice. Son arrivée à Montpellier témoigne de la volonté de la ville de créer un espace public ouvert et accessible à tous, où la sculpture occupe une place de choix. Cette démarche s’inscrit dans un programme de restauration significatif des statues existantes, initié dès 2022.
L’artiste à l’origine de cette œuvre marquante est le sculpteur italien Sandro Chia. Puisant son inspiration dans la richesse de la mythologie grecque, il a choisi de représenter le mythe d’Europe sous une figure masculine. Ce colosse de bronze, réalisé en 1986, évoque le périple des frères d’Europe partis à sa recherche et auxquels la légende attribue la fondation de nombreuses cités importantes, ici symbolisées par des architectures miniatures de style gréco-romain grimpant le long de son corps. Avant de rejoindre Montpellier dans le cadre d’un dépôt du Centre National des Arts Plastiques, l’œuvre originale a fait l’objet d’une restauration minutieuse.
Les intentions de l’artiste et l’impact de l’œuvre sont éloquemment décrits par Frédéric Darmau dans un extrait de « Raison Présente » (1993) : « Assis sur un rocher léché par la mer, un homme tend vers les cieux un regard ébahi. Son corps dressé porte ses mains vers sa tête. Elles soutiennent son effort pour écouter du vent les insignifiants murmures. La nature n’a plus rien à nous dire. L’écho ne revient plus à l’homme que d’être sa propre voix. Et le long de son corps grimpent à n’en plus finir ces temples, ces maisons qui meublent sa peau de toute leur culture ».
L’enrichissement du paysage artistique de l’Esplanade ne s’arrête pas là. Montpellier s’apprête également à accueillir « La Spirale », une sculpture en bronze de Germaine Richier. Cette acquisition, rendue possible grâce à un appel aux dons, trouvera sa place à proximité du musée Fabre, venant ainsi compléter un parcours culturel de premier plan au cœur de la ville. L’Esplanade Charles-de-Gaulle se profile ainsi comme un véritable musée à ciel ouvert, offrant aux Montpelliérains et aux visiteurs une expérience artistique enrichissante au fil de leurs promenades.
SANDRO CHIA
Né à Florence le 20 avril 1946, Sandro Chia a étudié à l’Institut d’Art et à l’Académie des Beaux-Arts de Florence. Il a visité l’Inde, la Turquie et une grande partie de l’Europe, pour ensuite s’arrêter à Rome, en 1970. Ville où il a développé son travail au niveau conceptuel, en exposant à de nombreuses reprises en Italie et en Europe. Figure importante du mouvement « Transavanguardia », né en réaction à l’art conceptuel et minimaliste, Sandro Chia a prôné dans son travail le retour aux formes traditionnelles de la peinture et de l’image imprimée, puisant son inspiration dans l’art classique italien. Il vit aujourd’hui entre New-York et Rome.